L'histoire de Venise (1/2)

Publié le par M@2T

Avant de continuer à vous faire partager nos photos de Venise, il nous semble logique de vous présenter l'histoire de la Sérénissime.

 

vue satellite lagune vénitienne

 

Ville du Nord-Est de l'Italie, Venise se situe au coeur d'une lagune d'environ 550km2 faisant autrefois partie de l'ancien delta du Pô, d'où émergent de nombreux ilôts suite à des dépôts successifs d'alluvions. La lagune est séparée de la mer Adriatique par plusieurs bancs de sable appelés lidi.

 

La naissance de Venise

 

Dans l'Antiquité, cette zone marécageuse était peuplée de pêcheurs et de saliniers. A partir IVe siècle, les habitants des colonies romaines voisines se réfugièrent sur les îlots de la lagune pour fuir les différentes invasions des barbares venus du nord, dont celle d'Attila en 452-453.

 

Les principales cités de la lagune étaient alors Torcello, Jesolo et Chioggia, tandis que des constructions se développaient autour de Rivo Alto (aujourd'hui Rialto) sur le site de la future Venise, dont la fondation remonterait selon la légende au 25 mars 421.

 

Au VIe siècle, la Vénétie fut rattachée à la zone d'influence des Ostrogoths jusqu'à la mort du roi Théodoric en 526, puis redevint possession romaine sous Justinien. Les invasions lombardes et la scission de l'Empire romain intervinrent en 568, provoquant un nouvel afflux de réfugiés sur la lagune.

 

Durant plus d'un siècle, les Lombards tentèrent en vain de s'emparer de la Vénétie, la lagune restant sous la tutelle des empereurs byzantins qui gouvernaient la région depuis Constantinople, par le biais de l'exarque de Ravenne. Dans le même temps, les îles se développèrent peu à peu et l'économie locale prit de l'ampleur, les cités de Torcello et Malamocco devenant d'importants centres commerciaux et culturels.

 

En 697, devant la menace lombarde permanente, les habitants de la lagune obtinrent de Byzance que le contrôle militaire soit remplacé par un "dux" (qui donnera doge par la suite) autochtone doté de pouvoirs de décision.

En 774, Charlemagne, qui avait soumit les Lombards, convoita à son tour la lagune, tout comme son fils Pépin par la suite, mais ni l'un ni l'autre ne parvinrent à s'en emparer.

 

Face à ces nouvelles incursions, le doge transféra le siège de l'administration dans une partie plus abritée de la lagune, au coeur d'un groupe d'ilôts minuscules, à Rivo Alto. Cette nouvelle cité, composée de nombreux villages et bourgs insulaires, adopta le nom de Venezia au cours du XIIIe siècle.

 

Venise, grande puissance commerciale

 

Afin de poursuivre son essor , Venise se chercha un nouveau protecteur en remplacement du byzantin Saint Théodore. Ce nouveau saint se devait de rivaliser avec Saint Pierre, patron de Rome. C'est ainsi qu'en 828, deux marchands vénitiens ramenèrent triomphalement le corps de Saint Marc l'évangéliste après l'avoir volé près d'Alexandrie en Egypte, où le saint était mort en martyre.

 

Pour donner légitimité à ce nouveau protecteur, le doge de l'époque évoqua la légende selon laquelle Saint Marc fut envoyé par Saint Pierre évangéliser l'Italie du Nord. Lors d'une de ses missions, il se serait égaré dans la lagune et un ange lui apparut en lui disant "Paix sur toi Marc mon évangéliste, tu trouveras ici le repos."

 

Venezia 018

 

Sous la bannière de ce saint patron et de son emblème, le lion ailé, Venise prit de plus en plus d'autonomie sur Constantinople, en obtenant d'importants privilèges commerciaux et en soumettant l'Adriatique.

 

En 1177, la Sérénissime accéda au statut de grande puissance à part entière en jouant les diplomates entre l'Empire germanique, le Pape et la Ligue Lombarde.

 

En 1204, la Cité des Doges obtint sa pleine indépendance suite à la quatrième croisade qui se conclut, sous les manoeuvres vénitiennes, par la conquête et le pillage de Constantinople. Les Vénitiens ramenèrent d'Occident quantités d'oeuvres d'art byzantines (quadrige de bronze, colonnes syriennes, groupe des tétrarques...) et la République annexa plusieurs ports en Méditerranée orientale.

 

Venezia 019

 

Durant près de deux siècles, la puissance maritime et commerciale de Venise continua à croître, proportionnellement à la rivalité l'opposant à Gênes. Les deux villes-Etats se disputèrent ainsi la suprématie en Méditerranée orientale jusqu'à la "Guerre de Chioggia" (1378-1381) qui vit les Vénitiens, alors assiégés depuis de nombreux mois, se mobiliser, résister et finalement battre la flotte génoise.

 

En 1423, le nouveau doge Francesco Foscari décida d'étendre le pouvoir de Venise sur la terre ferme afin de contrer l'expansion du duché de Milan. Au prix d'énormes investissements matériels, la République s'étendit du Pô aux Alpes et jusqu'à l'Istrie et la Dalmatie.Venise était alors à son apogée commerciale et maritime.

 

En 1453, les Turcs prirent Constantinople, stoppant ainsi la politique d'expansion de Venise et contraignant Francesco Foscari à abdiquer. Dans la seconde moitié du XVe siècle et durant les siècles suivants, les Turcs continuèrent à reprendre une à une les possessions orientales de Venise.

 

A cela s'ajoute la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb en 1492, ainsi que le ralliement des Indes par Vasco de Gama via le Cap de Bonne-Espérance en 1498, qui ouvrirent de nouvelles voies de navigation et entrainèrent irrémédiablement Venise vers la lente perte de sa suprématie maritime.

 

Au début du XVIe siècle, la Sérénissime dut également faire face à une coalition entre le Pape, l'Espagne, l'Empire germanique et la France. En 1509, la Ligue de Cambrai (nom de la coalition) défit l'armée vénitienne, mais leurs talents diplomatiques permirent aux Vénitiens de semer la discorde dans la Ligue, qui se retourna contre la France, et de conserver une partie de leurs territoires terrestres.

 

Suite à ces défaites maritimes et terrestres face aux grandes puissances, Venise cessa de jouer un rôle politique sur la scène européenne mais elle réussit néanmoins à garder son indépendance par le jeu des alliances et la diplomatie.

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